Danitsa c’est un métissage entre le Tchad, le Congo, la Serbie, l’Espagne, la France et la Suisse où elle vit. Elle parvient à allier parfaitement la soul, le reggae et le hip hop pour créer son propre style et son propre univers.
Biberonnée au reggae roots, à la soul de Curtis Mayfield et au blues de Billie Holliday, Danitsa, de son vrai prénom Shanna, effectue ses premières armes au chant très jeune sur les morceaux d’un certain Skankytone : producteur de musique reggae et accessoirement, son père. Enormément influencée par le vernaculaire jamaïcain (elle s’est rendue plus d’une vingtaine de fois sur l’île Caribéenne) et sa musicalité, elle écrit ses textes et les chante en anglais. A l’instar d’un Naaman, elle passe une partie de sa jeunesse à travailler et à aiguiser cet accent, à la fois singulier mais aussi très complexe à appréhender phonétiquement parlant pour une native francophone.
A tout juste vingt ans, forte d’une solide expérience au chant, elle sort un premier EP sur Jihelcee Records (le label de Darryl Zeuja du collectif 1995) : « Breakfast », un savant mélange d’influences, de styles et de couleurs contenant sept morceaux. Si l’album reçoit un accueil critique positif – un véritable vent de fraicheur pour la communauté reggae – il reste évident que l’artiste est en recherche ostensible de directions. Peu importe, Danitsa se révèle a un public francophone intrigué par cette chanteuse pour le moins atypique.
Deux années s’écoulent, soit juste assez de temps pour permettre à la jeune artiste de concocter méticuleusement sa vraie première oeuvre musicale. Lors de ce laps de temps, elle écoutera et s’inspirera de nombreux artistes parmi lesquels Solange, Beyoncé, SZA, D’Angelo mais aussi Ibeyi, Princess Nokia, Kendrick Lamar, Anderson .Paak ou encore Roméo Elvis.
En 2017, elle sort son premier album « Ego ». Seize titres pour un premier album long format surprenant pour ne pas dire stupéfiant, à des années lumières de ce qu’elle avait proposé jusqu’alors. A l’orée des genres, Danitsa apparaît s’être trouvée, et ça promet sacrément pour la suite.
Ce qui marque sensiblement dès l’écoute complétée du projet c’est la qualité de l’ensemble, aussi bien au niveau des productions que des performances vocales, ou du mixage. Le projet chaperonné par Vie d’Ange sonne homogène et la quasi totalité des morceaux apportent une pièce du puzzle à cet ‘égo’. Danitsa, de son propre aveu, n’a pas souhaité s’enfermer dans un style en particulier. Si les basses sourdes de la trap ont une résonance prédominante dans la majorité des compositions de l’album, on y retrouve, sans chercher bien loin, les influences reggae, soul, et RnB si chères à son cœur. L’album convie des invités de marque et alterne entre sujets légers et sujets plus sérieux à travers les yeux et la plume de sa créatrice, l’amour en filigrane.
Finalement, « Ego » apparait comme un vibrant témoignage d’une femme optimiste suivant sa voie nouvellement trouvée. La petite fille manquant de confiance décrite sur « Bad Luck » a grandi, a appris, et a laissé sa place à une Femme estimant mériter un amour véritable doublé d’un amant convenable sur le caliente « Bachata ». Au delà de ça, c’est une décision pivot de viser les étoiles et de devenir la meilleure version d’elle même qu’elle développe dans le lumineux « Captain ». « Ego » est donc la première fondation d’un édifice qui s’annonce extrêmement prometteur.
A lire aussi: Blu Samu, grande promesse de la scène hip hop bruxelloise
Ses derniers singles en date « No One », « Mr. Business » et « Secret Emotions » sont sortis respectivement en 2018, 2019 et 2020. Et à ce jour, on compte en plus le petit dernier « Let Go » sorti fin janvier.