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Nekfeu, le retour de Ken Masters

Rappeur français au flow qui frappe par sa facilité d’écoute et à son aisance qui démontre une maîtrise technique impeccable, on ne doit plus présenter Nekfeu! Appelé aussi Fennec, il enflamme la planète hip hop depuis son premier album solo, « Feu » sorti en 2015. Retraçons ensemble son parcours!

Nekfeu, de son vrai nom Ken Samaras, est membre du S.crew, un groupe composé de ses amis d’enfances Framal, Mekra et 2zer Washington.
Il débute le rap en 2007 pour très vite progresser et s’imposer comme une valeur sûre pour l’avenir.
Révélé avec 1995 dans tous les opens mics de Paris, son flow 4×4 fait de lui un rappeur extrêmement versatile, et sur qui la concurrence doit désormais compter. Agé d’une vingtaine d’année seulement, il participe a de nombreux projets, dont une net-tape appelé « 5 Majeur », entièrement réalisée en seulement 24h avec 4 acolytes rencontrés lors de concerts en province. Il fait également partie du collectif L’Entourage, avec qui il sort le projet « Jeunes Entrepreneurs » en 2014.

En 2015, Nekfeu sort son premier album solo intitulé « Feu » qui rencontre un succès hors-norme pour la musique urbaine.
Dans ce projet, il propose une large palette de sons aux sonorités très différentes. Il est toujours aussi pointu dans ces textes, avec beaucoup d’allusions et d’images comme dans « Le Horla ».

L’album commence très fort, « Martin Eden » nous rappelle les années freestyle du jeune homme avec cette envie de tout casser. L’ensemble est varié et s’adresse à un public large, on ressent ce besoin d’entrer dans la cours des grands en élargissant son audience. « Nique Les Clones Part. 2 » est indéniablement un des meilleurs morceaux de l’album. Nek y étale tout son talent autant avec les lyrics qu’avec son flow. Il déconcerte tant son maniement de la langue française est facile, et la modulation de sa voix précise.

En bref, un album vendu à plus de 175 000 exemplaires et qui le propulse, en 2015, au rang d’artiste français le plus écouté sur Spotify. Il décroche même une Victoire de la musique.

Un an après la sortie de « Feu (Ré-édition) », Nekfeu créé la surprise en dévoilant son album « Cyborg » en plein concert à Bercy et en live sur Facebook. Aucune fuite, aucune info n’avait été donnée, on peut dire qu’il réussi clairement son coup.
Après le gros succès et la qualité de « Feu », il se devait de placer la barre très haute, et c’est clairement ce qu’il a fait avec « Cyborg ». Aucun son n’est à jeter, la technique est maîtrisée, les gros feats sont au rendez-vous et les textes sont toujours aussi bien écrits!

Nekfeu lance les hostilités avec « Humanoïde ». Et on se prend une première claque! Sur une instru minimaliste, il interroge celui qui l’écoute. Un tas de questions qui permettent à chacun de s’identifier sur au moins quelques points. Tout est progressif dans ce morceau: flow, structure et prod. Dans le second couplet, il parle de lui, fait une multitude d’aveux et monte en puissance. Il s’attaque aux politiques, dénonce les faits qui l’irritent… Pendant 6 minutes 30, il entasse ses pensées et donne le ton de l’album.

Le fennec enchaîne en se qualifiant de « Mauvaise graine » au cours d’un titre mettant en avant sa capacité à évoluer avec un flow rapide et précis, sans accrocs. Niveau texte, Nekfeu propose une sorte de rétrospective sur une partie de son passé, avec un angle sombre qui reflète une certaine insécurité. Une sorte de contre-égotrip. Le titre « Squa », lui, est rythmé, plus léger que les deux premiers tracks, et c’est un morceau qui passe très bien en concert.

On continue le sans-faute avec une série de collaborations. D’abord, on a « Avant tu riais », un des deux seuls morceaux avec un refrain à part entière chanté par une voix féminine. Il s’agit de la douceur de Clara Luciani. On découvre aussi la chanteuse Crystal Kay sur « Nekketsu ». Ensuite, on a une flopée de featurings de rappeurs. On y retrouve Alpha Wann de 1995, Sneazzy et S.Pri NoirNepal et bien évidemment ses potes du S.Crew accompagnés de Nemir.

En conclusion, on peut dire que c’est un album de rap, un vrai. Nekfeu est un artiste qui prend de plus en plus position, qui ose affirmer ses pensées. Et c’est ce qui peut sonner trop creux chez d’autres. En bref, « Cyborg » est un excellent album, construit à coups de collaborations monstrueuses et d’un talent imperfectible.

Plébiscité par la critique et surtout par le public, ce deuxième disque a fini d’ériger le rappeur en star de la scène française. Depuis, une apparition dans le film « Tout nous sépare » aux côtés de Catherine Deneuve, quelques concerts et featurings, mais aucun nouveau projet.

Jusqu’au 13 mai passé! Nekfeu lance la bombe en annonçant son nouvel album « Les Étoiles Vagabondes » au cinéma le 6 juin.

Ce documentaire, d’une durée de 86 minutes, a été réalisé par Nekfeu lui-même et Syrine Boulanouar, le réalisateur à qui l’on doit quelques clips des collectifs 1995 et L’Entourage. Le nouvel album du rappeur est alors présenté par la même occasion et sort le soir même sur toutes les plateformes de streaming.
Ce qu’on avait comme info? Un Nekfeu devant ET derrière la caméra et un synopsis mystérieux : « Quand deux étoiles sont trop proches et que l’une d’elles explose en supernova, il arrive qu’elle condamne l’autre étoile à errer sans trajectoire dans l’Univers. On les appelle les étoiles vagabondes ».

La mélancolie va fort bien à Nekfeu, qui finit de s’installer, avec la sortie des « Etoiles vagabondes », comme une plume décisive du monde francophone. Un album de contrastes, ancré dans son époque mais hors-sol, sombre mais lumineux en bout de course, rap mais pas mal jazz, au fond.

Il y a, dans la tracklist, un bout du Japon (des lumières de Tokyo à la culture manga), de la Nouvelle-Orléans et de ses trompettes, de LA, des toits du nord de Paris, l’épicentre de sa plume, mais aussi de La Trinité (Alpes-Maritimes) où il est né, sans oublier un bout de sa Grèce natale. On aperçoit aussi la Belgique et Bruxelles, puisque c’est dans notre capitale qu’a été enregistré son feat très remarqué avec Damso.

Il y a chez Nekfeu cette conception du dépassement de soi au service de son art, cette envie d’y laisser sa trace en faisant ce que les autres n’ont jamais fait. Flow, punchlines, banger, assonances (son péché mignon), multisyllabiques: tout y est. L’écriture du disque et le choix artistique d’instrus très mélancoliques, jazzy, m’ont largement convaincu. « Les étoiles vagabondes » est un projet qui inscrit définitivement Ken dans la galaxie des artistes accomplis, tant sur le fond que sur la forme. L’une des meilleures plumes françaises de son époque, toutes catégories confondues.

Les 5 titres de l’album à écouter absolument:
Menteur menteur
Ciel noir
Dans l’univers avec Vanessa Paradis
Compter les hommes avec Alpha Wann
Ολά Καλά (qui signifie ‘tout va bien’ en grec)

Mais honnêtement, je les aimes TOUTES. Une chose est sûre, « c’est le retour de Ken Masters, Kenshin, Kentaro, Ken ken ta sœur ».

Nekfeu’s bash:

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